Se revoir

Il est 11H05. Son train arrive dans 2 minutes. Je sais qu’il est 11H05 car ça fait 57 fois que je regarde cette horloge sur la dernière heure.

Mon cœur bat la chamade. Est-ce-que ce sera pareil ? Aussi naturel ? Normal ? Est-ce-qu’elle sera toujours heureuse de me voir ? Aurai-je le privilège de voir son sourire encore une fois ? D’entendre son rire ?

2 minutes. C’est court deux minutes pourtant… Et là ca me paraît si long, tellement long, tellement… Interminable.

Le train arrive, je le vois au loin. On l’annonce. Je suis déjà à l’endroit où la porte va s’ouvrir. J’en peux déjà plus.

Un battement de cœur à l’ouverture. Chaque personne qui apparaît un battement de cœur en plus. Et puis je rate un battement… Je rate un battement parce que cette silhouette, ce visage, ce regard, je le reconnaîtrai entre milles. Parce que de voir son sourire en descendant, tout s’évapore, tout disparaît. La foule, le monde, la vie, il n’y a plus qu’elle, les autres sont flous. Ses lèvres rejoignent les miennes, et je l’embrasse sur ce quai. Comme quand dans les films de la grande époque, où la foule passe autour en accéléré, et où le temps entre deux semble s’être arrêté, où les corps se serrent, les mains s’agrippent. Le temps il n’existe plus, je prends un énorme shoot d’elle. Elle est là. Et je sens déjà sa peau qui frémit sous mes doigts, ses gémissements qui débutent quand mes lèvres rejoignent son cou.

On avait dit qu’on tenterait de se résister. Il aura fallut 10 minutes pour que mes mains rejoignent ses cuisses, remontent sa robe, glissent entre elles. Il aura fallut que je gare la voiture dans le premier parking pour lui sauter dessus, et abuser de ses gémissement dans l’habitacle en se moquant totalement des gens autour (et à 11H20 il y’en a!)

Il aura suffit que notre hôte ferme la porte de notre studio pour que nos vêtement finissent partout dans la pièce, et qu’on fasse monter le degrés de la chambre jusqu’à une valeur inacceptable pour l’être humain. Le lit ? Même pas pris le temps de le déplier. Nos valises ? Quelque part dans l’entrée, le tout poser en vrac au milieu. Son corps ? Contre le mien, obligatoirement contre le mien.

Je me délecte de ses hurlements, je me nourris de ses gémissements, chacun augmente mon envie d’elle, mon désir d’elle, comme une drogue. Plus elle gémit, plus je suis dure, passionné, intense, et plus elle gémit. C’est un cercle vicieux dans lequel nous plongeons, heures après heures, jusqu’à en oublier le temps.

Car au final ce sera ça notre moment à nous, l’oubli du temps. L’oubli que les restaurants ne servent pas toute la nuit. L’oubli que les magasins ferment à un moment donné dans la soirée. L’oubli du monde autour, quand contre la rambarde sur ce parking aérien, face à la Garonne et aux gens qui passent en dessous, mes mains glisseront entre ses cuisses. L’oubli. L’oubli du monde tel qu’on le connaît, tel qu’il est. L’oubli pour n’avoir que nous, que ces instants à deux, où en sueur, collés l’un à l’autre, nous nous regardons, et où chaque regard nous donne envie de recommencer, encore, plus fort, plus intense, plus puissant que la foi d’avant.

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