Papa il est malade.
Parfois papa il s’enferme, il arrête de parler, il disparait un peu, ne sourit plus autant. Mais ce n’est pas ta faute, ca ne sera jamais ta faute.
Papa il essaye de surtout pas le faire peser sur toi, que surtout cela ne t’impact pas. Et pourtant il sait que ses choix, ses pensées, les plus horribles qu’il peut avoir, auront forcément un impact sur ta vie.
C’est compliqué à expliquer tu comprends. Papa il a essayé de savoir ce qui lui arrivait, pourquoi cette descente aux enfers qu’il a connu ces derniers mois. Pourquoi maintenant ? D’où ca vient ? Qu’est-ce qui a changé en lui ? Et plus il y réfléchit, plus papa il s’est rendu compte que ca avait toujours été là. Qu’il a toujours eu ces instants perdus, seuls, tristes, où rien n’était assez et surtout pas lui. C’est étonnant de se rendre compte que je me le suis toujours caché, que je l’ai toujours combattu. S’en rendre compte, l’accepter, c’est déjà avancer.
Mais papa il t’aime. Tu es et restera le soleil de sa vie, sa bouffée d’air, cette petite voix qui lui dit
« Il est l’heure de remonter, il est l’heure de recommencer. Tu dois te relever, encore une fois, tu peux le faire, tu dois le faire, tu dois le faire encore autant de fois qu’il le faudra pour être avec moi ».
Ton rire est le plus beau de mes carburants, la plus forte de mes motivations.
Et papa en se rendant compte que ca avait toujours été là, a compris une chose. Elle est là, c’est ainsi. L’autre et moi ne sommes qu’un, le cycle lunaire d’une même personne. Comme une voiture qui descend une pente pour remonter de l’autre côté, puis redescendre de nouveau. Parfois la voiture s’arrête en bas quelque temps, fatiguée, à court d’essence. Et elle remonte.
Papa il vient de comprendre, que plus il lutte contre lui-même, contre cet autre lui, et plus ce dernier est violent, et dure avec lui. Alors que c’est aussi cette particularité qui lui a donné ses plus belles idées, ses plus belles créations, ses plus belles inspirations. Il est la raison de la hargne que je peux avoir, de ma colère, de ma ténacité, de ma force à me relever quoiqu’il arrive, quoiqu’il nous arrive. Alors papa il a décidé d’accepter cet autre lui, de ne pas le cacher, de ne pas mentir dessus. Tu sais, papa il a besoin de cet autre lui, de cette force qu’il trouve pour remonter, pour revenir encore plus souriant, lumineux et présent que jamais avec toi. Avec les autres. Cet autre lui a risqué sa vie autant de fois qu’il l’a sauvé.
Alors ne t’en fais pas d’accord? Papa il est malade, c’est comme ça, et on avancera ensemble aussi longtemps qu’on le pourra, et que ce soit lui, ou son autre lui, papa restera toujours là pour toi, à penser à toi.
Parce que quoiqu’il arrive, papa il t’aime.
Et il ne te laissera pas.
Je n’en ai pas le droit.
J’y connais rien et personne, ici.
Je suis paumée.
Et de porte en porte, j’ai eu envie d’entrouvrir celle ci et de rentrer finalement, en ne sachant pas que ce qui devait être, sera:
Je me sens chez moi.