J’ai croisé des gens dans ma vie, beaucoup.
Certains de passage, d’autres pour plus longtemps. Simples connaissances, ou amitiés profondes. Peu importe, chacun transporte son bagage, autant d’histoires pour autant de vies.
La plupart, tous même, étaient un peu fêlés, un peu cassés, toujours bancals, des personnes que la vie et les hommes n’ont pas épargné.
On les découvre, une expérience, un vécu après l’autre. Les plaies enfouies se dévoilent, sillons béants que l’on cache. On les découvre, l’un après l’autre, couche après couche, comme un oignon.
J’aime bien ce rapprochement, car comme avec un oignon on pleure.
Et puis on s’émerveille. On voit ce qu’ils sont devenus, comment ils ont utilisé l’horreur, la peine, la souffrance, pour en faire autre chose. Cette capacité à sortir de la destruction, des décombres d’une expérience, et de se dire « C’est ici que je reconstruis ma maison ». Cette force qui se dégage. Ça m’émerveille.
Ce soir ces quelques mots couchés sur le papier tournent dans ma tête et m’empêchent de dormir, car une histoire m’a touché.
J’ai lu une personne capable de transformer la pire des ignominies en sourire.
Vous imaginez ça ? Le mental nécessaire ? Vous imaginez un instant cette capacité humaine de transformer une réalité en autre chose.
Connaissez-vous le Kintsugi ? Cet art japonais qui répare les objets cassés avec de l’or. Il y a un peu de ça, j’ai vu de l’or sortir d’une blessure. C’est comme hurler à la face du monde :
« Je ne suis pas que ça. Cela ne me définit pas. Je suis plus, bien plus. Cela ne me définit pas. »
Moi je trouve cela beau. Juste beau.
Imaginez un instant la puissance de l’esprit humain. Être capable de partir d’une réalité pour la transformer en une autre réalité. Être capable de transformer une expérience, une histoire, un passé, en moteur pour avancer. Cette force infinie qui nous habite, nous maintient, nous fait avancer, évoluer, grandir. Je trouve cela tellement fou, tellement fort, tellement beau.
Ce soir, cette bribe d’histoire, cette expérience partagée, m’a fait me dire que oui on peut encore avoir foi en l’humain. Il est capable de tout, même de se relever de ce qui devrait l’anéantir. Il avancera, car c’est quelque part, ce qu’il fait de mieux.
Alors merci à toi, merci à toi de m’avoir montré encore une fois que tout était possible, merci à toi de cet or dont tu as recouvert tes plaies, et merci à toi de l’avoir partagé. J’avais furieusement besoin de me rappeler que l’humain peut se relever, que l’humain peut avancer, et tu en as été ce soir le parfait exemple.
Merci.