L’esprit embrumé, les cheveux en bataille, les yeux dans le vague, je contemple mon reflet dans le miroir. Me souvenir de la veille est plus compliqué que de gravir l’Everest.
Des bribes me reviennent. Des corps. Le mien ? Le tien c’est certain… Lui il ne me quitte pas. La courbe de tes fesses, le dessin de tes hanches. Je mords ma lèvre, te goûte encore un peu. Je me souviens de la sueur sur ta peau, de sa douceur sur mes lèvres, de tes frissons sous ma langue.
Je passe mon visage sous l’eau, je ferme les yeux, et j’ai des flashs. Des flashs de tes doigts sur ma peau qui me découvrent, de tes cheveux contre moi, de ta poitrine qui se soulève, et j’entend ta voix, qui me hurle encore, qui me demande de continuer.
Je sens le tabac froid, l’alcool, mes vêtements sont pires. Je ramasse mon fut posé à même le sol dans ton entrée. On est donc chez toi. Je passe la tête par la porte de la chambre. Tu es là, allongée, belle comme ce n’est pas permis. Désirable, tellement désirable. Autant que tu l’as été hier soir. Autant que tu l’étais quand je t’ai emmené dans mon univers.
Les draps ne sont qu’un chiffon inutile, tu es nue, ta peau est encore frissonnante, je sais que si je te touche je peux te faire recommencer. Repartir au quart de tour, te donner envie de me dévorer, de me goûter. Te donner faim comme jamais, faim de moi. Te faire hurler mon prénom, accélérer ton cœur, pousser des soupirs. Te posséder pour que tu me possèdes. Devenir un dans un cri, et un autre, et encore, jusqu’à ce que l’on s’effondre tremblant, ivre de bonheur, de plaisir.
J’approche ma main…
.. Et je récupère ma chemise. Quitter cet apart, doucement. Sans un bruit, restait un souvenir, un songe, une fumée de passage. Une histoire que tu pourras te remémorer.
J’ai été à toi une nuit, entièrement à toi. Je t’ai tout donné, et tu me l’as rendu. Une nuit de folie, une nuit complète à nous, où toi et moi n’étions qu’un.
Partir.
Partir avant de tenir à toi.
Garder le souvenir. Instant irréel qui n’appartient qu’à nous.
Nous. Pour une nuit. Juste nous.
